Mouhamed Zamal Guèye, poète : le génie des vers

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« Aux âmes bien nés, la valeur n’attend point le nombre des années ». Cette sempiternelle formule de l’auteur Pierre Corneille suffit largement pour décrire le parcours de Mouhamed Zamal Guèye. Son histoire est digne d’une prophétie. A tout juste 26 ans, le poète a été sacré gagnant du concours international de Poésie le 05 juillet 2025. Une victoire qui rime parfaitement avec le destin prodigieux du jeunot.

Chaque histoire commence quelque part et c’est dans la capitale du rail que le destin de Mouhamed Zamal Guèye s’est écrit en toutes lettres. A l’École Serigne Assane Fall 2 de Kaossara, il gribouille les premières pages du livre de sa vie. Il y obtient son Certificat de Fin d’Études Élémentaires (Cfee). Déjà très assidu, le Thiessois fait partie des meilleurs élèves. Il poursuit sa trajectoire dans un lycée réputé de la ville de Saint-Louis. C’est de là que le jeune homme tisse ses premiers rapports avec la litterature.

Poussé par une « sœur-mère », il commence à fréquenter l’Institut Français de Saint-Louis pour y emprunter des livres. « Ma grande sœur Binetou Dieye exigeait que je résume les livres, faute de quoi je perdais mes goûters et mon argent de poche. À travers ces rituels, elle m’a transmis une discipline intellectuelle qui, avec le temps, s’est transformée en passion », se remémore-t-il.

« J’ai ensuite fréquenté les enfants de troupes du Prytanée Militaire, les meilleurs élèves du pays, et je m’efforçais d’être à leur niveau : je lisais des dictionnaires, je mémorisais des mots, je me dépassais. Ce culte de l’excellence, je le dois à cette exigence précoce, à ce désir de toujours faire mieux », affirme-t-il. L’appétit venant en mangeant, Mouhamed Zamal Guèye passe rapidement d’un simple lecteur à auteur.

Il débute timidement avec l’écriture de vers. Telle une drogue, l’écriture est devenue sa respiration, une seconde vie. « Je la vois même comme ma manière de traverser l’existence jusqu’à la fin. La poésie, pour moi, est plus qu’un genre littéraire : c’est un mode d’être, un chant intérieur, un moyen de transformer l’intime en lumière partagée », livre-t-il avec émotion.

Des émotions, le jeune de 26 ans ne cesse de les transmettre à travers ce genre et il n’hésite pas à faire rimer passion et concrétisation avec la publication de son premier recueil : Symphonie des émotions.

La beauté des mots
Maouhamed Zamal Guèye était prédestiné à un avenir prodigieux. Son deuxième prénom avait déjà choisi pour lui telle une prémonition. Zamal (déformation de son prénom à l’enregistrement par l’officier d’état civil) qui à l’origine devait être Jemal (beauté, grâce en arabe) en disait déjà long sur sa destinée.

Utiliser la grâce et la beauté de sa plume pour transmettre des émotions, c’était cela la prophétie. Mouhamed comme il se prénomme avait donc ce destin déjà tout tracé à travers la poésie. Et pas besoin d’oracle encore moins de voyant pour savoir que le jeune de 26 ans était promis à une carrière où la beauté des mots occuperait une place prépondérante.

En 2019, en pleine période de doute et d’incertitude quant à l’avenir de l’humanité, le nouveau bachelier qui a posé ses valises en France profite de ce moment pour y voir plus clair. Confiné, entre quatre murs, loin des siens, il plonge dans une solitude féconde, propice à l’introspection. C’est dans ce silence, presque religieux, qu’il commence à écrire pour survivre à l’absence, pour ne pas se perdre. « L’écriture est alors devenue une passerelle entre le monde que j’avais quitté et celui qui m’attendait », dit-il.

« Mes poèmes puisent leur source dans les rues de Thiès, les berges du fleuve à Saint-Louis, les clameurs de Dakar mais aussi dans les silences de la France en exil, là où j’ai appris à regarder autrement », confie l’ancien confiné.

Mouhamed Zamal Guèye porte en lui un double regard : celui de l’enfant du Sahel et de l’homme déraciné, qui cherche à se reconstruire par les mots. Une phrase, une image ou une sensation peuvent hanter le poète, puis lentement, dans le silence de la nuit ou de l’aube, les vers s’organisent, portés par un équilibre fragile entre la densité du sens et la légèreté du souffle. « La poésie est pour moi un lieu de vérité, un refuge, mais aussi une arme douce pour dire l’indicible », déclame-t-il.

Son parcours personnel, entre exil, responsabilités professionnelles et engagements citoyens, a façonné son écriture. Son premier recueil Symphonie des émotions est ainsi une ode au réel, un appel à ralentir, à écouter ce que l’on oublie trop souvent : les détails discrets, les gestes anodins, les bruissements du monde. Il traverse la nature, la mémoire, l’amour, l’absence… et parfois, la révolte intérieure. « Le livre est publié chez Hello Éditions, disponible en librairie et en ligne. Il a reçu un très bel accueil, notamment de la part de lecteurs qui y ont reconnu une voix singulière, à la croisée de deux mondes », dit-il fièrement.

Après la publication de ce premier recueil, fruit d’une passion, une autre victoire va venir s’ajouter à la liste telle la cerise sur le gâteau : son sacre au concours international de poésie.

Concours internationale de poésie ou le sacre d’un génie
Le 05 juillet 2025, Mouhamed Zamal Guèye a hissé haut le drapeau du Sénégal. Le jeune poète de 26 ans est entré dans les annales en remportant le concours international de poésie. Organisé par l’association Femmes au Secours de la Paix, à l’occasion de la Journée internationale de la Paix, cette compétition a rassemblé plus de 150 poètes autour du thème « La paix dans mon jardin ».

Son texte s’est distingué parmi les dix finalistes sélectionnés pour la phase finale, confirmant son talent à l’échelle internationale. Cette victoire au concours international de poésie, organisée par l’association Femmes au Secours de la Paix, est bien plus qu’un simple trophée pour le lauréat.

« C’est l’aboutissement de sacrifices silencieux, d’heures de solitude, de renoncements assumés… et parfois douloureux », avoue-t-il. À travers son poème, le jeunot a voulu semer des mots comme on sème des graines de paix dans un monde trop souvent fracturé. « Être parmi les dix finalistes, puis recevoir le Premier Prix des mains de Madame Félicie Gérard, députée du Nord de la France, fut un moment fort, presque irréel », s’enorgueillit-il.

Mais au-delà de la reconnaissance personnelle, ce trophée est pour le poète une victoire collective. « Il montre que la voix des Sénégalais a toute sa place sur la scène littéraire internationale, que l’Afrique n’écrit pas seulement son histoire, elle la sculpte avec beauté, dignité et profondeur », clame-t-il fièrement.

Le Directeur Administratif et Financier de la société Air Hygiène veut continuer de plus belle dans sa quête littéraire. Cependant le vice-président de l’Association des Étudiants Sénégalais du Nord (Aesn) ambitionne de s’attaquer à un autre genre littéraire : le roman. Celui qui prépare un doctorat en économie et finance internationale à l’Université Leeds Beckett en Angleterre va bientôt mettre à la disposition des lecteurs un autre bébé. Parce qu’ecrire c’est aussi savoir mettre la plume dans la plaie, Mouhamed Zamal guèye compte évoquer sans pudeur la thématique du viol chez les hommes.

« Le roman sera un cri étouffé rendu visible, un hommage à ceux qui souffrent dans l’ombre. J’ose espérer que ce projet touchera les cœurs et les consciences, et qu’il permettra d’entamer un dialogue plus juste sur les violences subies par les hommes, souvent invisibles mais bien réelles », formule-t-il. L’auteur nourrit aussi le vœu de continuer à représenter le Sénégal et l’Afrique sur la scène internationale.

Arame NDIAYE

Source: lesoleil.sn

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