L’évolution rapide de la grippe aviaire inquiète les autorités et les scientifiques. L’OMS a fait part de ses craintes sur l’évolution de la situation ce jeudi, à Genève. Des avertissements qui laissent entrevoir un scénario déjà-vu où les gouvernements ne seraient pas prêts face à une menace pourtant bien réelle.
L’évolution du virus de la grippe aviaire suscite de plus en plus d’inquiétudes, au point que Jeremy Farrar, scientifique en chef de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, s’est exprimé ce jeudi 18 avril à Genève.
Initialement identifié chez les volailles et les canards, le virus H5N1 a, en effet, développé la capacité d’infecter les mammifères. Pour la première fois au début du mois d’avril, on apprenait la contamination d’un humain par des vaches laitières. Il s’agit du tout premier cas confirmé de transmission de la grippe entre l’humain et un autre mammifère. Jusqu’à présent, ces derniers n’avaient été infectés que par des oiseaux.
« La grande préoccupation, évidemment, est qu’en infectant ainsi les canards et les poulets – et désormais un nombre croissant de mammifères – ce virus évolue et développe la capacité d’infecter les humains, a pointé Jeremy Farrar. Et puis, de manière critique, la capacité à passer à une transmission interhumaine ».
Un taux de mortalité supérieur à 50 %
De son côté, la présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires, Brigitte Autran, a cherché à apaiser les craintes soulevées par ces déclarations. « La situation deviendra vraiment inquiétante si des porcs sont contaminés par le virus de la grippe aviaire, puisque cela signifierait que le virus a évolué et pourrait également toucher l’Homme », a-t-elle tempéré sur France Info.
Reste qu’avec 888 cas recensés depuis le début de l’année 2023, 463 décès sont survenus, faisant grimper le taux de mortalité de l’infection à 52 %, peut-on lire dans le dernier rapport de l’OMS. Un chiffre suffisamment inquiétant pour que l’organisation appelle à s’armer dès maintenant.
« Je crois que nous devons nous assurer que si le virus H5N1 se transmettait à l’Homme par transmission interhumaine, nous soyons en mesure de réagir immédiatement en offrant un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics », a prévenu Jeremy Farrar. Et Brigitte Autran de reconnaître qu’il s’agit de « la maladie la plus à risque de développer une pandémie sévère ».
Des alertes suffisamment inquiétantes pour pousser, espérons-le, les gouvernements à rattraper leur retard dans la recherche d’un vaccin pour l’humain, alors que les autorités sanitaires ne seraient pas, à ce stade, en capacité de diagnostiquer le H5N1.