L’Afrique perd une légende

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Décédé hier, vendredi 22 mai, le musicien guinéen Mory Kanté aura marqué des générations avec sa musique. Révélé au grand public à travers son tube « Yéké Yéké » sorti en 1984 et vendu à plus de 5 millions d’exemplaires dans le monde, Mory Kanté a porté haut le flambeau de la musique et de la culture africaine. Celui que l’on surnommait «le griot électrique» s’est éteint quelques mois après la star planétaire Manu Dibango.

C’est un autre «baobab» de la musique africaine qui vient de s’effondrer, quelques mois après le décès de l’artiste camerounais Manu Dibango. Le chanteur guinéen Mory Kanté a tiré sa révérence à l’âge de 70 ans hier, vendredi 22 mai, dans un hôpital sino-guinéen de Conakry des suites d’une longue maladie.

Mondialement connu pour son titre « Yéké Yéké » à la fin des années 1980, Mory Kanté était l’une des voix les plus emblématiques d’Afrique. « Il laisse un héritage immense pour la culture, trop vaste pour qu’on puisse tout citer. Mory Kanté a beaucoup fait pour la culture dans son pays en construisant des studios, des structures culturelles», a laissé entendre son fils Balla Kanté. Et d’ajouter : «Mory Kanté a valorisé la musique guinéenne et africaine en la faisant connaître à travers le monde». Dès l’annonce de sa mort, les hommages ont fusé de partout pour témoigner de la grandeur de l’homme. «Je viens d’apprendre avec consternation le rappel à Dieu de mon frère aîné et référence, Maître Mory Kanté. Je ressens un énorme vide aujourd’hui avec le départ de ce baobab de la Culture Africaine. Repose en paix !», s’est ému le chanteur sénégalais Youssou Ndour sur Twitter.

Pour Alpha Condé, «la culture africaine est en deuil». Le président guinéen a remercié un «artiste au parcours exceptionnel». «Vous êtes un exemple et une fierté», a-t-il ajouté sur tweeter. Surnommé le « griot électrique », Mody Kanté laisse derrière lui une trace forte dans l’édifice de la reconnaissance de la musique mandingue dans le monde. Né d’une mère malienne le 29 mars 1950 à Albadaria en Guinée, Mory Kanté a débuté sa carrière dans les années 70 à Bamako. Il s’est produit dans plusieurs orchestres avant d’intégrer le Rail Band de Bamako aux côtés du saxophoniste Tidiani Koné et de Salif Keita, alors lead vocal du groupe. Il s’envolera plus tard pour la Côte d’Ivoire avant de s’installer en France.

C’est en 1987 que sa musique connaitre une véritable explosion avec l’album «Akwaba Beach». «Yéké Yéké» (chanson d’amour avec mélange de kora et de rythme), contenu dans cet album, lui ouvrira grandement les portes de la célébrité et de la reconnaissance internationales. « Akwaba Beach » fut ainsi l’une des plus grosses ventes mondiales des musiques d’Afrique noire. « Le bilan est positif. D’autant plus que dans ma carrière, outre la chanson « Yéké Yéké », j’ai été disque d’or dans d’autres opus, tel que l’album « Touma ». J’ai aussi été numéro un mondial dans d’autres genres, et mon dernier disque fut classé par Amazon.com comme le meilleur album de la musique internationale au monde. Je l’ai eu une fois dans ma carrière, mais pour moi c’est comme si j’avais gagné une Coupe du Monde », s’est félicité Mory Kanté dans un entretien accordé au journaliste Alain Bouithy en 2009. Pour l’artiste, c’est enfin un rêve auquel il tenait qui s’est enfin réalisé avec la construction d’un complexe implanté à Nongo village, en Guinée Conakry.

Ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO), Mory Kanté avait également prêté sa voix au profit de la lutte contre la fièvre Ebola. Maladie qui a frappé la Guinée entre 2013 et 2016. Il avait également donné son accord de principe pour prendre à un concert virtuel des artistes africains afin de combattre la Covid-19. Ce concert allait se produire ce samedi 25 mai.

Sudonline

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