Afrique du Sud: nouveau week-end de manifestation contre les travailleurs étrangers illégaux

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Samedi et dimanche, plusieurs centaines de manifestants ont marché dans le centre-ville de Johannesburg. Regroupés sous le nom « Operation Dudula », ces manifestants reprochent aux étrangers sans papiers venus des pays alentours d’accaparer les emplois peu qualifiés (épiciers, chauffeurs de taxi, routiers, serveurs).

‘Afrique du Sud compte près de 4 millions d’étrangers, tous statuts confondus (réfugiés, illégaux, expatriés). Avec un taux de chômage de 35%, voire 66% chez les jeunes (15-24 ans), le discours anti-immigré refait surface dans un pays qui a déjà connu plusieurs vagues de violences xénophobes meurtrières comme en 2008, 2015 et 2019.

Pour le moment, le mouvement reste pacifique malgré les tensions qu’il provoque. Notre correspondant Romain Chanson a suivi un cortège de l’Opération Dudula dans le quartier déshérité de Hillbrow à Johannesburg.

La manifestation avait commencé par un avertissement : les armes à feu ne sont pas autorisées. « Nous devons faire très attention aux gens qui viennent pour saboter ce que nous faisons. Nous manifestons pour exprimer notre frustration. »

Frustration à l’égard des étrangers – illégaux précisent les organisateurs – dont la présence, en général, dérange ces manifestants. « Tous les appartements sont occupés par des étrangers, tout Johannesburg est occupé par des étrangers. »

« La majorité des Sud-Africains ne travaille pas. Il y en a qui ont des diplômes universitaires mais qui restent chez eux faute de travail. On veut retrouver notre pays. »

Au pied d’un immeuble, un jeune sud-africain observe le cortège en silence. Il rejette les revendications de l’Opération Dudula. « Ils font ce qu’ils veulent, on ne fait pas attention à eux. Nous on s’entend bien, on est tous noirs, tous africains. Je ne vois pas où est le problème. »

Le cortège s’arrête maintenant devant un supermarché tenu par des Portugais. La police s’interpose. Une manifestante prend la parole. « Ici ils embauchent plus de 90% d’étrangers, donc on leur demande : partez s’il vous plaît. » Tous les salariés sont en règle assure le patron. L’Opération Dudula lui donne une semaine pour « faire le ménage ».

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